La peur, les cauchemars et les flashbacks que vit la personne traumatisée sont le résultat d’un trouble de la mémoire. Une nouvelle approche de ce trouble anxieux constitue la base de thérapies efficaces.

Traumatisé : C’est peu dire que ce terme s’est dilué dans le langage courant. Certes, des événements comme être licencié du jour au lendemain, perdre un proche, etc. peuvent nous affecter profondément. Mais pour être traumatisé, vous devez avoir été confronté violemment à la mort d’un proche ou abusé sexuellement. Il peut également s’agir de témoins directs sur place. “L’annonce du perte soudaine d’un proche peut provoquer un traumatisme », explique Isabelle Chaudieu, chercheuse à l’Inserm, à l’Institut des neurosciences de Montpellier. « Les professionnels régulièrement exposés à scènes difficiles peut aussi être perturbé.” Le sentiment, au-delà de la peur ou de la tristesse, est une véritable intrusion dans le psychisme, souvent suivie d’émotions violentes (sentiment d’impuissance, de culpabilité, d’abandon, d’horreur, de solitude).

Les symptômes apparus après le drame s’estompent progressivement

Différentes expériences peuvent provoquer des traumatismes : une agression, un viol, une torture, une bataille au front, ce sont les expériences qui provoquent cela les blessures psychologiques les plus graves. Mais ils ne sont pas les seuls : accident de la routeun catastrophe naturelle, une agression violente peut aussi laisser des traces. Les pensées et les rêves sont inondés d’images et de sensations associées à la scène : les odeurs, les sons. « Cependant, chez la majorité des victimes, les symptômes apparus après le drame disparaissent grâce à ses conséquences. mécanisme de résilience, poursuit l’expert. Lorsque l’hypervigilance et la réexpérience (N.DLR. : revivre ce qui s’est passé) sont présentes pendant plus d’un mois, on parle de stress post-traumatique.”

Plusieurs facteurs peuvent favoriser le développement du stress post-traumatique

Si vous avez déjà été traumatisé, souffrez d’un trouble anxieux ou avez vécu une dépression, cela peut contribuer au développement de ce trouble. Les personnes exposées à un stress chronique au travail courent également un plus grand risque, car ce stress entraîne des changements physiologiques, hormonaux et neurologiques qui les affaiblissent. « Nous avons identifié certains marqueurs biologiques des gens traumatisés qui courent un plus grand risque de développer plus tard stress post traumatique, précise Isabelle Chaudieu. Leurs niveaux de cortisol sont faibles, tandis que les niveaux d’adrénaline et de noradrénaline sont élevés. L’intensité de la souffrance ressentie et la manière dont ils ont réagi sont également révélatrices. « Sortir » du drame, se mettre dans un état second, s’abstraire de la situation, ce que les experts appellent dissociation péritraumatique, suggère dans les semaines ou les mois qui suivent le début du stress post-traumatique. Car ce mécanisme de défense est révélateur d’une réponse neurobiologique inappropriée, visible sur l’imagerie cérébrale (IRM fonctionnelle). L’amygdale est bien trop active. Cette minuscule glande est le conducteur de nos réponses émotionnelles au stress. Quand quelqu’un est confronté à un événement traumatisant, l’amygdale peut s’emballer. Zones associatives du cortex, où les émotions se mélangent aux images, aux odeurs et aux sons construire une mémoiresont alors plus ou moins court-circuités.

Il est possible de transformer un souvenir

L’expérience de l’événement qui n’est pas analysée et codée par le cortex reste piégée dans le cerveau émotionnel, comme un corps étranger. “Résultat : Un seul des signaux sensoriels liés au drame suffit à réactiver les émotions de ce moment, explique le chercheur. La mémoire revient constamment et sans possibilité de contrôle ; la personne finit par rester à la maison pour éviter les situations qui déclencher ces souvenirs. Stress post traumatique vient avant tout une maladie de la mémoire“.

Cette observation récente lui a permis de développer nouvelles stratégies thérapeutiques basé sur le concept de “reconsolidation de la mémoire« Chaque fois qu’on se souvient d’un souvenir, celui-ci est vulnérable pendant quelques heures », explique Isabelle Chaudieu. On peut donc la transformer.” Deux types de thérapies d’exposition ont démontré leur efficacité : les thérapies cognitivo-comportementales et l’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing). “Elles consistent à exposer les victimes à leur mémoire, souvent fragmentaire, afin qu'”elles puissent en comprendre le cadre, reconstruire et adoucir son dynamisme en apaisant les sentiments négatifs tels que la honte chez les victimes de violences sexuelles », ajoute-t-elle.

Des « maisons » pour traiter le stress militaire

Victimes de traumatismes psychiques parfois très handicapants dans l’exercice de leur vie quotidienne et familiale, les militaires en service sont accueillis depuis 2021. Maisons Athos. Ce dispositif de réadaptation psychosociale leur est dédié reconstruction personnelle, sociale et même professionnelle, les aide à reprendre confiance dans un environnement apaisé. Près de 300 militaires bénéficient actuellement de ce soutien à Bordeaux, Toulon, Aix-les-Bains et Auray.

Plus d’informations sur www.defense.gouv.fr

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