Sabrina Le Bars, à Paris, le 31 août 2023.

Lundi 2 août 2010, Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne). A 29 ans, Sabrina Le Bars, maman depuis quelques jours, a demandé que le miroir soit caché dans sa chambre d’hôpital. Après quatorze heures d’opération pour un cancer de la tête et du cou, elle dit qu’elle ne veut pas la voir « bouche cassée ».

Treize ans après, samedi 16 décembre 2023, à Vincennes (Val-de-Marne). Dans une petite robe de cocktail noire, le même sourire chaleureux, célèbre l’association Corasso, créée en 2014 avec une autre patiente, Christine Fauquembergue, sur les conseils de deux spécialistes de ces pathologies, François Janot, chirurgien à Gustave-Roussy, et Anne-Catherine Baglin, anatomopathologiste à l’hôpital Foch, à Suresnes (Hauts-de-Seine). ). À l’époque, il s’agissait surtout de sortir de la solitude des personnes opérées de ces cancers méconnus qui pouvaient se loger dans les sinus, la cavité buccale, le pharynx, le larynx, etc. « Un patient venait de se suiciderse souvient Sabrina Le Bars. Après une telle opération, tout ce que fait le chirurgien est visible de l’extérieur. La voix change, on touche à l’identité. Chacun doit apprendre à reconstruire une nouvelle image. »

Le groupe privé « Corasso Exchangeons », lancé par l’association sur Facebook, a déjà porté ses fruits : lors de cette soirée de décembre, sur des écrans habillés de couleurs pop, des défilés témoignages de patients qui ne se cachent plus. Certains d’entre eux étaient déjà là en 2018 « C’est quoi mon visage ? »une opération de cascade au cours de laquelle ils ont annoncé le titre de Johnny Hallyday devant la caméra. « Sabrina Le Bars a brisé un tabou en révolutionnant la communication autour de ce cancer désocialisantestime Sylvie Boisramé, directrice de l’unité de formation et de recherche (UFR) de la Dentisterie de Bretagne Ouest à Brest. Les actions de l’association ont déjà changé le regard du public sur les patients. »

Des premiers signes terriblement banals

En septembre dernier, cette professeure des universités et chirurgien-dentiste à l’hôpital, avec ses confrères ORL, a organisé une journée de dépistage au cours de laquelle Emilie Carré, secrétaire du Corasso, s’est entretenue avec les futurs chirurgiens-dentistes. Le cancer de cette jeune femme de 26 ans a été diagnostiqué en 2020, raconte-t-elle : “après cinq consultations médicales infructueuses au cours desquelles on m’a prescrit du sirop contre la toux”. Sabrina Le Bars a pour objectif d’augmenter le nombre de bénévoles s’adressant aux personnels soignants. « Les témoignages visuels ont bien plus d’impact que la théorieelle dit. Elle expose sans filtre les conséquences souvent invalidantes, voire invalidantes et très visibles, d’un diagnostic tardif. A tel point qu’il est difficile d’oublier de tels moments. »

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By medimax

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