Sujet : Produits de grande consommation
Les experts en oncologie de l’INRS étudient la qualité des écosystèmes marins grâce à la biopsie liquide.
LAVAL, QC, 23 juillet 2024 /CNW/ – Comment une équipe spécialisée en oncologie peut-elle aider à comprendre les effets des changements climatiques sur le milieu marin ? C’est le défi qu’a lancé une équipe de l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) dirigée par le professeurYves St-Pierreet la doctorante SophiaFerchiou, en appliquant les principes de la biopsie liquide – une technique utilisée pour la détection précoce du cancer – à des moules du Québec.
La médecine au service de la biodiversité
Les moules agissent naturellement comme de véritables filtres dans leur environnement ; ils constituent des bioindicateurs très efficaces pour l’évaluation du milieu marin. L’équipe de recherche a donc appliqué le principe de la biopsie liquide à ces mollusques pour étudier leur écosystème.
Chez l’humain, la biopsie liquide consiste à analyser l’ADN circulant dans le sang pour détecter des traces de cancer. Il fournit de riches informations sur le type de cancer dont est atteint le patient, le stade de progression ou encore les mutations provoquées par la maladie. Puisque les moules suivent tout ce qui se passe dans leur environnement, la biopsie liquide peut leur révéler bien des secrets en termes d’évaluation écologique.
Ce qui est innovant aujourd’hui, c’est l’utilisation d’une nouvelle technologie, l’analyse multiomique, qui permet de détecter des mutations, des changements génétiques ou épigénétiques, mais aussi de l’ADN dérivé d’organismes tels que des virus, des parasites, des bactéries et même la présence d’espèces de poissons dans un organisme donné. écosystème, explique le professeur Yves Saint-Pierre, spécialiste en oncologie à l’INRS. Nous sommes dans une logique à la frontière entre les sciences biomédicales et la biologie marine, constate le chercheur Centre de biotechnologie Armand-Frappier Santde l’INRS.
La biopsie liquide a été réalisée à partir de l’hémolymphe – un liquide semblable au sang des vertébrés – de plusieurs milliers de moules, fournissant ainsi une mine de données et d’informations sur leur environnement.
On suit la même démarche qu’avec une personne atteinte d’un cancer, explique le professeur St-Pierre. Nous détectons le problème, proposons un traitement puis surveillons son évolution. Plus tôt nous découvrirons des traces de cancer, ou dans le cas présent de problèmes environnementaux, plus tôt nous pourrons agir. Avec le En biopsie liquide, nous appliquons la même méthodologie, et en un sens la même philosophie : la biodiversité.
Une collaboration ancrée sur le terrain
Ce projet constitue aujourd’hui le cœur des travaux de la doctorante INRS SophiaFerchiou. Mes recherches consistent à utiliser la moule comme espèce sentinelle, c’est-à-dire comme espèce très sensible aux changements de son environnement, pour évaluer l’état sanitaire du milieu marin et côtier, résume l’étudiant en biologie marine, qui a étudié dans le cadre du encadré par le Professeur YvesSt-Pierre en codirection avec Stéphane Betoulle duUniversité de Reims.
En étroite collaboration avec des biologistes de Parcs Canadal’équipe poursuit ses recherches à quatre endroits au Québec : Moulin–Baude, Cap-de-Bon-Dsir et Pointe–John au coeur de Parc marin du Saguenay-Saint-Laurent ainsi que le parc national de Banque dirigé par Spaq. Chaque emplacement représente une particularité, comme sa proximité avec un rejet d’eaux usées domestiques et agricoles ou celle d’un centre d’interprétation et d’observation. De nettes différences entre ces lieux ont déjà été constatées.
En appliquant des techniques médicales aux écosystèmes marins, nous pouvons non seulement diagnostiquer, mais également observer les signes avant-coureurs de problèmes futurs qui affecteront un écosystème. Y a-t-il des traces d’un produit chimique, l’apparition d’un virus ? Nous pourrons alors prendre des mesures correctives précoces, que nous surveillerons régulièrement par biopsie liquide, souligne Sophia Ferchiou.
Ces collectes étaient d’abord réalisées mensuellement par le doctorant depuis 2019 et sont désormais réalisées hebdomadairement grâce à la présence des biologistes de ParcsCanada sur les différents sites. Une occasion unique de surveiller régulièrement les écosystèmes. Grâce à cette collaboration, nous avons pu récolter un nombre phénoménal d’échantillons, se réjouit Sophia Ferchiou. Notre étude démontre l’efficacité de l’analyse multiomique de biopsies liquides prélevées sur des moules pour observer leurs réponses biologiques au stress environnemental.
Une des missions de notre équipe de conservation est de définir et de surveiller l’état de santé des écosystèmes du parc marin du Saguenay-Saint-Laurent. La démarche proposée par l’INRS s’inscrit dans une série de veilles scientifiques réalisées par notre équipe et différents partenaires, visant à mieux comprendre les changements et les menaces qui pèsent sur les écosystèmes du parc marin. La méthode est non seulement innovante et prometteuse, mais également non invasive et relativement simple à appliquer sur le terrain. Nous sommes très heureux de pouvoir travailler avec cette équipe et compter sur leur expertise, conclut Samuel Turgeon, écologiste à Parcs Canada.
à propos de l’étude
L’article titre Évaluation de la santé des écosystèmes marins à l’aide de l’analyse multiomique des biopsies liquides de moules bleues : une étude de cas dans un parc national marin (https://doi.org/10.1016/j.chemosphere.2024.142714htpublié dans le magazine Chemosphèrecomposée par Sophia Ferchiou, France CazaKumardeep Sinha, Janelle Sauvageau et Yves Saint-PierreFichier .DOI :10.1016/j.chemosphere.2024.142714.
Ce travail de recherche a été financé par Conseil de Recherche canadienne en sciences naturelles et en génie(CRSNG) et Fonds de recherche du Québec – Nature et technologies(FRQNT).
À propos de l’INRS
jeINRSest une institution universitaire dédiée exclusivement à la recherche et à la formation supérieure dans des niches stratégiques au Québec. Depuis sa fondation en 1969, elle contribue activement au développement économique, social et culturel du Québec. La valeur INRS est 1est et Canada en termes d’intensité de recherche. Il est constitué de quatre centres interdisciplinaires de recherche et de formation, situés à Québec, Montréal, Laval et Varennesqui concentrent leurs activités dans des secteurs stratégiques :Milieu humide,énergie Matériaux Télécommunications,Urbanisation Culture SociétéetArmand-Frappier Sant Biotechnologie. La communauté compte plus de 1 500 membres étudiants, boursiers postdoctoraux, professeurs et employés.
SOURCE Institut National de la Recherche Scientifique (INRS)
Ces communiqués de presse peuvent également vous intéresser |