Jean-Claude Durousseaud, de la Fédération nationale des radiologues, propose de rencontrer des femmes pour échanger sur leur rapport au dépistage du cancer du sein.

La statistique est frappante : une femme sur deux ne participe pas au dépistage organisé du cancer du sein en population. Par dépistage organisé, nous entendons le dépistage « automatique » qui est proposé aux femmes, en complément des examens parfois demandés par les médecins traitants, les gynécologues ou les sages-femmes.

Cette participation, jugée faible, suscite des interrogations chez les radiologues. Aussi, la Fédération nationale des radiologues, par la voix de son président Jean-Philippe Masson, et l’expert en communication (notamment dans le domaine de la santé) Jean-Claude Durousseaud, ont imaginé un concept que l’on a pu retrouver à Nevers mercredi 15 mai.

C’est ce dernier qui a répondu à nos questions.

5 rendez-vous dans 5 villes différentes

Que proposez-vous pour la réunion du 15 mai ?

Écouter. L’idée est de rassembler les femmes, en petit groupe d’une quinzaine maximum. Pour entendre la parole de ces femmes et trouver des réponses, la Fédération nationale des radiologues organise une série de rencontres dans différentes villes de France. Nevers sera la troisième étape des cinq. Nous sommes déjà allés dans une petite ville de montagne, en Savoie, aux portes de Paris, à Épernay-sur-Seine. Après Nevers qui représentera les villes moyennes, nous proposerons le même concept à Paris et Enghien-les-Bains.

Avec ces cinq rencontres, nous souhaitons rencontrer le plus grand nombre de femmes possible. Recueillir tous les mots : jeunes femmes, mères, grands-mères ?; qui ont déjà eu une mammographie, ou non.

Quelles questions poserez-vous aux femmes ?

Nous voulons connaître leurs opinions, leurs questions et leurs sentiments sur la mammographie. Seule une femme sur deux répond au dépistage organisé du cancer du sein : pourquoi ? Nous voulons briser le plafond de verre rose, pour ainsi dire.

Nous voulons comprendre, sans aucun jugement. Nous voulons entendre les femmes sans les culpabiliser.

Quels sont leurs obstacles ? Sur la base de leurs réponses, nous préparerons un rapport qui sera présenté au ministre de la Santé en octobre, lors d’Octobre Rose.

Mais je maintiens qu’au-delà de ce rapport, qui reflète les réponses des femmes, nous souhaitons également proposer des solutions.

Les résultats de Santé Publique France

Des initiatives existent déjà : à Lyon par exemple, des cabinets de radiologie ont proposé aux femmes de se rendre sur leur pause déjeuner sans rendez-vous. D’autres radiologues ont organisé des séances d’information pour lutter contre les fausses informations sur la mammographie.

Quel genre de réponses les femmes vous ont-elles déjà donné ?

La première raison est la peur. Peur de l’examen, peur du diagnostic, peur de tomber malade. La mort n’a jamais été évoquée.

Il y a aussi le problème de l’accès aux soins, la superstition et la charge mentale qui pousse les femmes à « s’oublier ».

La réponse la plus surprenante, de mon point de vue, est : “J’attends mon dépistage, ce n’est pas grave car c’est un cancer qui se soigne bien.”

Est-ce gênant d’être un homme ?

J’essaie de me faire le plus petit possible. Mais c’est vrai que je suis un homme et cette idée est venue de moi. Jusqu’à présent, aucune femme n’a eu honte de s’exprimer. Les hommes et les femmes ont besoin de se parler.

Comment participer ?

Les femmes, toutes les femmes, sans distinction d’âge, d’activité ou d’antécédents médicaux, peuvent s’inscrire à la rencontre qui aura lieu au Palais Ducal, le mercredi 15 mai à partir de 20 heures.

Inscription : op site de la Fédération Nationale des Radiologues ou par téléphone au 06.84.84.02.00.

Quelle projection ?

Le programme national de dépistage du cancer du sein invite les femmes âgées de 50 à 74 ans à passer une mammographie de dépistage tous les deux ans, ce qui représente un groupe cible de près de 10 millions de femmes.

Pourquoi Nevers ?

Jean-Claude Durousseaud animait le Siviim. C’est dans ce contexte qu’il a proposé cette rencontre au maire, Denis Thuriot, qui a accepté de prêter une salle au Palais Ducal.

Laure Brunet

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