Il est évident. Prendre soin des proches des patients a un effet vertueux. Une étude vient de montrer qu’une intervention familiale réduirait considérablement le risque de suicide des patients souffrant de schizophrénie. Cette maladie psychiatrique, dont les symptômes sont très variés – les plus dramatiques sont les délires et les hallucinations, mais les plus débilitants sont le retrait social et les problèmes cognitifs – touche environ 1 % de la population. « Des soins adaptés, qui combinent traitements pharmacologiques et psychosociaux, permettent d’obtenir une rémission durable chez un tiers des patients », souligne l’Inserm.

Ce nouveau étude, publiée dans Limites de la psychiatrie en avril, ciblant 179 groupes d’aidants informels en France, soit 1 946 personnes au début du programme, et un millier de personnes à la fin en raison de celles perdues lors du suivi. La question « Votre proche a-t-il fait une ou plusieurs tentatives de suicide au cours des douze derniers mois ? » » a été posée aux prestataires de soins juste avant le début du premier module et un an plus tard. Les tentatives de suicide ont chuté de 7% à 3% dans les familles de personnes touchées par la schizophrénie ayant suivi la tentative de suicide Programme de psychoéducation profamiliale.

Développée au Québec à la fin des années 1980, cette approche cognitivo-comportementale comprend quatorze séances de quatre heures, chaque semaine ou deux fois par mois, et un module dit de « consolidation » de quatre séances réparties sur deux ans. Le premier module de quatorze séances permet aux soignants de mieux comprendre la maladie et ses traitements, d’améliorer leur relation avec le proche malade, de l’aider et de mieux gérer ses émotions. Le deuxième module vise à approfondir l’apprentissage.

Lire également le rapport (2014) | Schizophrénie : à l’école des familles

“Cette réduction du risque de suicide a également été observée chez ceux qui recevaient peu ou pas de traitement”souligne le psychiatre Yann Hodé, président de l’Association francophone de psychoéducation des familles Profamille, qui a coordonné la recherche.

Prévenir les rechutes

Comment expliquer ces résultats ? « Le niveau d’émotions exprimé par les familles est l’un des facteurs contribuant à l’augmentation du risque de suicide », il continue. Autrement dit, « Plus ils sont déprimés et fatigués, moins ils peuvent aider le patient et moins ils apprennent du programme ».

« Grâce aux récentes améliorations apportées au programme, nous pensons pouvoir éliminer à terme le risque accru de suicide associé à la schizophrénie. », constate Yann Hodé. Un problème majeur, tant en termes de santé humaine que publique. La maladie cause beaucoup de souffrance. Environ la moitié des patients tentent de se suicider au moins une fois dans leur vie. Donc, « L’absence de psychoéducation familiale dans le domaine de la schizophrénie et des troubles associés peut entraîner une perte d’opportunité pour les patients »conclut l’étude.

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