L’Agence régionale de santé de Nouvelle-Aquitaine a reçu vingt-deux signalements de cas de coqueluche depuis le début de l’année, principalement dans les Landes et les Pyrénées-Atlantiques. Un nombre plus important que l’année dernière. Cette infection respiratoire causée par une bactérie est très contagieuse et peut durer plusieurs semaines. Les nouveau-nés sont à risque.

Vous toussez depuis plus d’une semaine ? Il ne s’agit peut-être pas seulement d’un rhume saisonnier. La coqueluche est de retour. « Il faut surveiller cela, la situation n’est pas alarmante, mais il faut voir comment elle évolue dans les semaines à venir »prévient l’ARS de Nouvelle-Aquitaine.

Vingt-deux signalements ont été enregistrés dans la région, dont deux cas groupés. Un dans une communauté scolaire à Capbreton, dans les Landes, et un deuxième cas d’infection au sein d’une famille de deux enfants, dans les Pyrénées-Atlantiques. La coqueluche réapparaît.

De manière cyclique, tous les 3 à 5 ans, la coqueluche réapparaît. Ce n’est donc pas surprenant. Nous sommes au début du phénomène.

Karim Tararbit,

médecin veille sanitaire ARS Nouvelle-Aquitaine

En Charente-Maritime, des adolescents ont été hospitalisés pour suivi, mais “Aucune complication n’a été signalée”, selon le médecin veilleur sanitaire de l’ARS Nouvelle-Aquitaine. Karim Tararbit indique également que nous sommes « à une époque où le nombre de cas de coqueluche augmente » qui a débuté en France à la fin de l’année dernière. Le dernier cycle a eu lieu en 2017/2018.

Les chiffres de l’ARS ne reflètent pas forcément la réalité du nombre réel de cas de coqueluche. Ce n’est pas une maladie à déclaration obligatoire. “Il s’agit d’une vision partielle avec le retour d’information fourni pour les cas groupés (de deux personnes), notamment dans les communautés vulnérables comme les crèches et les cas isolés, par notre réseau de médecins en milieu scolaire”, confirme Karim Tararbit.

Depuis début 2024, une vingtaine de cas groupés (clusters) ont été signalés à Santé publique France dans huit régions françaises. En 2023, seuls deux cas avaient été signalés.

Ça commence comme un rhume. D’abord un nez qui coule, des éternuements, parfois une faible fièvre et une légère toux. Après deux semaines, la toux s’aggrave, suivie de crises de respiration sifflante et de vomissements. Cette toux peut être si intense que la personne infectée a du mal à reprendre son souffle après une inspiration longue et brusque.

La coqueluche se traite avec des antibiotiques macrolides, mais la guérison est lente : plusieurs semaines voire deux à trois mois. « Les antibiotiques ne guérissent pas la maladie ni n’arrêtent la toux, qui peut durer huit à dix semaines, mais ils empêchent la transmission aux autres personnes de votre entourage »indique Jean Sarlangue, spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques au CHU de Bordeaux.

La période d’incubation est de 9 à 10 jours (intervalle de 6 à 20 jours) et peut aller jusqu’à 42 jours. La transmission se fait principalement au sein de la famille ou au sein des communautés, par contact avec une personne malade qui tousse. L’infection par la coqueluche est difficile à identifier pour les médecins car elle commence par une période d’incubation sans symptômes.

Un adulte ou un enfant qui tousse pendant plus d’une semaine, surtout la nuit, n’est pas normal et le médecin doit envisager la coqueluche.

Jean Sarlangue,

spécialiste des maladies infectieuses pédiatriques au CHU de Bordeaux

La coqueluche est confirmée par un test PCR durant les trois premiers jours de la maladie, ou par une prise de sang. Un inconvénient peut faire hésiter le patient à se faire tester : le montant du test sérologique n’est pas remboursé par la Sécurité sociale et coûte environ 60 euros pour le prélèvement. L’analyse prend huit jours avant que les résultats ne soient connus.

Cette maladie est dangereuse pour les bébés avant deux mois, âge de la première vaccination. Un bébé de trois semaines est décédé à Nice le mois dernier des suites de la coqueluche. Dans un rapport daté du 18 avrilSanté publique France appelle à la vigilance.

En outre, les nouveau-nés sont plus susceptibles de développer des complications graves, telles qu’une pneumonie, des convulsions, une encéphalopathie et des hernies, voire la mort. Les cas mortels sont rares en France, mais peuvent être évités par la vaccination.

Au CHU de Bordeaux, un enfant meurt tous les sept à huit ans de la coqueluche, et en France on compte dix décès chaque année. ” Contrairement aux idées reçues, la coqueluche est une maladie courante chez l’adulte. Ce n’est pas une maladie infantile, on peut l’attraper plusieurs fois et chez l’adulte des rappels sont administrés tous les vingt ans. Les parents d’un bébé doivent absolument se faire vacciner ! “ insiste le pédiatre bordelais, qui a traité plusieurs cas de coqueluche chez les jeunes enfants.

Si ce sont les parents ou la fratrie qui contaminent le bébé avant deux mois, c’est dramatique car la famille culpabilise.

Jean Sarlangue,

pédiatre et spécialiste des maladies infectieuses au CHU de Bordeaux

Le La vaccination est également obligatoire depuis deux ans pour les femmes enceintes qui transmettent les anticorps au bébé, alors que l’enfant est vacciné à la naissance. Le corps médical encourage également la vaccination de l’entourage familial de l’enfant.

La vaccination contre la coqueluche est obligatoire depuis le 1er janvier 2018. Selon le calendrier du CHU de Bordeaux, l’enfant reçoit trois vaccins avant sa première année à deux, quatre et onze mois. Ensuite, des rappels sont nécessaires à l’âge de six ans, entre 11 et 13 ans, à 25 ans et à 45 ans. Après 65 ans, le vaccin est recommandé tous les dix ans.

L’Observatoire européen ECDC a publié le 8 mai un bilan des cas de coqueluche : 25 000 cas en 2023, et déjà 32 000 cas entre janvier et mars 2024.

Une infection bactérienne, comme le vaccin, ne confère pas une immunité à vie ; il est possible de contracter la maladie plusieurs fois. La coqueluche est endémique dans le monde entier et survient toute l’année, même dans les zones où les taux de vaccination sont élevés. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’il existe entre 20 et 40 millions de cas de coqueluche dans le monde, dont 95 % surviennent dans les pays en développement.

Le risque de coqueluche est actuellement modéré en France métropolitaine, et nous le réévaluerons fin mai en vue des JO de Paris.

Laurent Filleul,

Santé publique France

Les taux d’incidence sont les plus élevés chez les jeunes enfants dans les pays où les taux de vaccination sont faibles. La coqueluche, responsable d’environ 400 000 décès par an, reste l’une des principales causes de décès chez les enfants non vaccinés, notamment dans les pays en développement.



medimax

By medimax

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *