Le 31 octobre 2022, Delphine Vanier a lancé crabette.fr, un site de vente en ligne d’accessoires d’occasion qui offre la possibilité aux personnes atteintes d’un cancer de s’équiper à moindre coût. La quadragénaire toulousaine raconte son parcours…

Comment est née l’idée de Crabette ?

Delphine Vanier : J’ai été frappée par un cancer du sein « triple négatif » en 2020. A l’époque, je dirigeais une entreprise de services à la personne comptant 15 salariés. J’étais également maman de 2 garçons âgés d’un an et deux ans et demi, que j’ai accueillis après 5 ans de démarche de FIV. Lorsque le cancer m’a frappé, je suis tombée dans un autre monde. J’ai notamment découvert que même si en France nous avons la chance de bénéficier de soins gratuits, toute la partie associée de la maladie n’est pas prise en charge.

A quoi faites-vous référence?

Je pense aux perruques, aux cosmétiques, aux chapeaux, aux soins de support, à l’aide à domicile… J’ai dû faire des choix. Ce qui me paraissait une priorité à l’époque, c’était d’embaucher une nounou. Les traitements m’ont détruit. Tout mon budget a été consacré à cette aide familiale. Je ne pouvais pas acheter les accessoires dont j’avais besoin. Parce que je suis tombé malade pendant la période Covid, les associations étaient fermées, je n’avais aucun repère, aucun endroit où aller. Alors que j’arrivais à la fin de mon parcours thérapeutique, je me suis demandé comment faire en sorte qu’aucune femme ne vive ce que je venais de vivre, afin qu’aucune d’entre elles n’ait à faire ces choix.

Quelles ont été les étapes de création de Crabette ?

J’ai d’abord remarqué qu’il n’y avait pas d’approvisionnement en objets de seconde main dans les associations ou les centres de santé. Je voulais donner les choses que je n’utilisais plus, mais je n’avais nulle part où les mettre. C’est pourquoi j’ai souhaité créer une chaîne de solidarité nationale qui permette de récupérer et de remettre en service des accessoires à petit prix. J’ai pu lancer le site après une campagne de financement participatif dans laquelle j’ai récolté 13 000 €.

Pourquoi ce nom ?

Le crabe, car c’est le nom donné au cancer et la terminaison -ette est un clin d’œil à ma grand-mère qui a vécu cent ans et qui m’appelait bichette ou ma petite poule.

Comment fonctionne votre site ?

je me suis présenté Crabette comme une sorte de Vinted du cancer. Vous pouvez acheter, vendre ou offrir des perruques, des chapeaux, des livres, du petit matériel médical, des turbans, de la lingerie… le tout entre 50% et 90% moins cher que le neuf. Après un an et demi d’activité, je me suis rendu compte que 95% des produits du site proviennent de dons. Nous sommes dans une économie circulaire et vertueuse. C’est la magie de la solidarité.

D’après vos estimations, combien un patient atteint d’un cancer dépense-t-il en accessoires ?

Ce que je peux vous dire, c’est que ça s’additionne très vite. Nous ne sommes pas tous rémunérés de la même manière, mais je pense qu’on peut établir une fourchette entre 1 000 € et 2 000 €.

Que vous a appris cette épreuve du cancer ?

Je ne pensais pas qu’un jour j’irais si bas et que je pourrais non seulement trouver les ressources nécessaires pour remonter à la surface, mais aussi en ressortir avec quelque chose de positif. Aujourd’hui, j’ai 43 ans, en rémission, et j’ai renoué avec mon ADN de chef d’entreprise.

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By medimax

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