L’impact de la cigarette sur la santé reste l’objet de recherches fructueuses. Une étude publiée dans la revue NEJM Le 8 février estime que les chances d’atteindre 80 ans sont à peu près les mêmes pour les non-fumeurs que pour ceux qui ont arrêté avant 40 ans. De quoi donner du baume au cœur à ceux pour qui fumer était un défaut passager de jeunesse. Ceux qui continuent perdent une douzaine d’années de vie par rapport aux non-fumeurs.
« Le message clé est qu’arrêter de fumer est efficace et rapide, et qu’il est bénéfique d’arrêter à tout âge. » insiste Édition l’auteur de l’étude, Prabhat Jha, épidémiologiste à Toronto. « À tout âge et par rapport aux fumeurs, arrêter de fumer pendant moins de trois ans peut éviter la perte de cinq années de vie. En arrêtant pendant plus de dix ans, vous évitez dix années de vie perdues, ce qui rend la survie comparable à celle des personnes qui n’ont jamais fumé.soulignent les chercheurs.
L’étude très robuste s’appuie sur les données de suivi de 1,48 million d’adultes dans quatre pays différents (Canada, Royaume-Uni, États-Unis, Norvège). Dans cette population, ils ont comparé le risque de mortalité en comparant les fumeurs actifs, les non-fumeurs et les ex-fumeurs depuis moins de trois ans, depuis trois à neuf ans et depuis plus de dix ans. Il n’est pas surprenant que les fumeurs courent un plus grand risque de maladies respiratoires, de maladies vasculaires et de cancer.
Si les recherches de Prabhat Jha portent uniquement sur la mortalité, ce n’est pas le seul effet de la cigarette. « Fumer altère continuellement l’immunité adaptative »conclut une autre étude publiée dans la revue mercredi 14 février Nature. Ces travaux mettent en lumière un élément jusqu’ici ignoré : l’immunité adaptative, qui se construit au fil du temps à travers les infections, reste endommagée des années après l’arrêt du tabac.
Ces conclusions sont basées sur un échantillon de mille personnes. Ceux-ci ont été sélectionnés il y a plus d’une décennie dans le cadre d’un projet mené par l’Institut Pasteur de Paris, et leur immunité a ensuite été régulièrement examinée au travers de différents tests, notamment sanguins. Ce type de suivi de cohorte nous permet d’évaluer comment différents facteurs influencent la santé et le métabolisme au fil du temps. Dans le cas présent, le tabagisme se démarque par son influence, plus que d’autres facteurs comme la durée du sommeil ou le niveau d’activité physique, selon les chercheurs dirigés par la biologiste Violaine Saint-André.
« Maintenez votre immunité sur le long terme »
On savait déjà que fumer nuit au bon fonctionnement du système immunitaire. L’étude le confirme et constate qu’une partie de cet effet disparaît immédiatement après avoir arrêté de fumer. Mais, et c’est là la grande nouveauté, cela ne s’applique pas à l’affaiblissement de l’immunité adaptative.
Chez certains individus, cela persiste des années, voire des décennies, après l’arrêt du tabac, même si l’échantillon est trop restreint et les réponses trop variables pour indiquer une durée moyenne précise.. « Pour maintenir son immunité sur le long terme, mieux vaut définitivement ne jamais commencer à fumer »a résumé la biologiste Violaine Saint-André en conférence de presse.
À mesure que les connaissances sur les effets du tabac sur l’organisme s’affinent, les messages de santé publique restent les mêmes : la meilleure option est de ne pas fumer, ou d’arrêter le plus tôt possible. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le tabagisme tue environ huit millions de personnes chaque année dans le monde.