Chaque mois, une personnalité du monde médical, politique, sportif ou culturel nous raconte son lien avec le thermalisme. En mai, il s’agit de Martine Duclos, professeur et chef du service de médecine du sport et d’explorations fonctionnelles au CHU de Clermont-Ferrand.
Pour ce président du comité scientifique de l’Onaps (Observatoire national de l’activité physique et de la sédentarité) et conseiller scientifique du ministère chargé des Sports, il est nécessaire de faire connaître au plus grand nombre les bienfaits de l’activité physique sur la santé. Et notamment celle de l’activité physique adaptée (APA) proposée dans les établissements thermaux dans une perspective de rééducation et de prévention santé. Pour ce faire, elle multiplie ses interventions auprès des médias et du public et ses contributions à des revues médicales de renom. Réunion.
L’Officiel du Thermalisme : Qu’est-ce que le thermalisme pour vous ?
Il s’agit d’un soin holistique qui utilise les propriétés de l’eau thermale dans un programme de soins personnalisé et dans un environnement propice au repos mental, psychologique et physique.
Arrivé à Clermont-Ferrand, région riche en thermes, il y a une quinzaine d’années, j’ai rapidement participé à un appel d’offres organisé par l’Association française pour la recherche thermale (AFRETh). L’objectif était d’étudier, en collaboration avec 12 institutions thermales de la région, l’impact d’une cure thermale de trois semaines sur le mode de vie. Nous avons étudié les effets du traitement sur l’augmentation de l’activité physique et la réduction d’un mode de vie sédentaire. Nous avons montré que ces effets persistaient jusqu’à un an après le traitement. Ces observations étaient très intéressantes et ont mis en évidence que le traitement a des effets qui durent dans le temps.
La cure thermale multidisciplinaire et complète est très intéressante pour moi qui travaille entre autres sur l’art de vivre. Un séjour thermal favorise une rupture avec le mode de vie, ce qui favorise des changements à court terme. Ce qui pose souvent le plus de problèmes, c’est le maintien à long terme de ces changements d’hygiène de vie (activité physique adaptée, sédentarité, alimentation).
Quels sont les principaux avantages d’une cure thermale ?
Cela dépend du traitement et de la raison pour laquelle vous le faites ! Le gros avantage est que vous êtes isolé de votre environnement de vie quotidien. De cette façon, vous pouvez réduire le stress et prendre du temps pour vous avec le traitement. Cela vous permet également de dormir suffisamment, d’avoir une alimentation équilibrée et de bénéficier de soins pour votre(vos) maladie(s).
Dans les sites thermaux, généralement situés dans de beaux endroits, l’environnement est propice aux activités physiques de plein air. Sans compter que le curiste est entouré de professionnels de santé et bénéficie de soins généraux très importants pour sa santé physique, mentale et sociale. Je précise « soins de santé sociaux » car les maladies de longue durée peuvent parfois isoler le patient.
Que diriez-vous à quelqu’un qui ne sait pas ce qu’est l’activité physique adaptée (APA) et qui vous demande de l’expliquer ?
Tout d’abord, gardons à l’esprit qu’il ne faut pas confondre sport et activité physique. L’APA est une activité physique adaptée à la condition physique de l’individu. C’est-à-dire ses capacités physiques en termes d’endurance et de force, son état de santé et sa(ses) pathologie(s). Nous partons de la condition physique du patient en prenant en compte ses éventuelles limitations (articulaires, cardiovasculaires) et sa capacité à s’améliorer. En effet, tous les patients sont capables de progresser. Elle est donc encadrée, individualisée, progressive et évolutive. Le patient est d’abord vu par le médecin (médecin généraliste ou spécialiste), puis le programme APA est réalisé par un professionnel formé par l’APA ou un kinésithérapeute.
Que diriez-vous à un patient souffrant de pathologies rhumatismales et/ou cardiaques qui hésite à faire de l’APA ?
Je lui expliquerai que dans ces deux indications, comme dans toutes les maladies chroniques, l’APA fait elle-même partie du traitement. Dans le cas de pathologies rhumatismales, l’APA réduit la douleur et augmente les capacités fonctionnelles. De même, dans le cadre des maladies cardiovasculaires, l’APA réduit le risque de récidive de la pathologie et diminue les facteurs de risque. Le patient en ressentira très vite les bienfaits, tant sur le plan physique, psychologique que social.
Sources: Entrevue exclusive avec Martine Duclos, 16 avril 2024