Un accident ischémique transitoire (AIT) est de courte durée et sans séquelles et est souvent confondu avec un simple malaise. Cependant, cela peut être le signe avant-coureur d’un accident vasculaire cérébral imminent et doit être traité de toute urgence.

Qu’est-ce que l’AIT ?

L’accident ischémique transitoire (AIT) est un changement temporaire et soudain de la fonction cérébrale. « Cela est généralement dû à une artère qui se bouche et prive donc une partie du cerveau de sang et donc d’oxygène. C’est ce qu’on appelle l’ischémie, décrit le professeur Sonia Alamowitch, chef du service des urgences cérébrovasculaires de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière et présidente de la Société Française de Neurovasculaire. Le mécanisme est le même que lors d’un accident vasculaire cérébral. Mais La particularité de l’AIT est que l’artère se rouvre d’elle-même très rapidement. »

Ces accidents sont plus fréquemment observés chez les personnes d’âge moyen et les seniors (60 ans et plus), mais les populations plus jeunes peuvent également être concernées par cette pathologie. “Nous le pensons L’AIT touche au moins 30 000 personnes par anmais il est difficile de donner un chiffre précis car tous les patients ne passent pas par l’hôpital”, précise le spécialiste.

Comment se manifeste un accident ischémique transitoire ?

Les principaux symptômes de l’AIT sont les mêmes que ceux d’un accident vasculaire cérébral, à savoir :

  • P.perte de force dans un bras et/ou une jambegénéralement plus prononcé d’un côté que de l’autre
  • sensation d’engourdissement toucher une partie du visage
  • troubles du langage (problèmes de parole et d’expression)
  • problèmes de vue ce qui peut entraîner une cécité temporaire d’un des deux yeux.

D’autres manifestations plus atypiques peuvent également être observées, comme : étourdissements, perte d’équilibre ou difficulté à avaler.

Contrairement à un accident vasculaire cérébral, tous les symptômes disparaissent généralement en une heure. « Normalement, elles durent quelques minutes puis tout redevient normal, sans aucune séquelle pour le patient », explique le professeur Alamowitch.

Ces signaux ne doivent cependant pas être négligés…

Malgré le caractère éphémère et réversible des symptômes, l’AIT joue un rôle important de signal d’alarme : alentours 25% de Les accidents vasculaires cérébraux sont précédés d’un accident ischémique transitoire et le risque d’accident vasculaire cérébral dans les heures qui suivent un AIT est particulièrement élevé. «Je dis souvent aux patientes que l’AIT est une aubaine parce que leur corps les a prévenues que quelque chose de grave pourrait arriver», souligne la Dre Pauline Renou, neurologue et directrice médicale de la Clinique du sein AIT. CHU de Bordeaux. Le problème est que les gens sont souvent rassurés à tort sur le fait que les symptômes ne dureront pas et qu’ils passent à côté de quelque chose. »

C’est ce qui est arrivé à Cathy Schwartz. « Le soir du 1er janvier 2015, j’ai dîné avec ma compagne et ma belle-mère », raconte le président de l’association AVC AIT Carpe Diem, qui avait alors 53 ans. Nous avons fêté la nouvelle année, mais sans excès. Vers 22h30, alors que je servais le dessert, je me suis retrouvé soudain la tête dans l’assiette. Je n’ai pas perdu connaissance, mais j’étais abasourdi. Mon conjoint a voulu appeler à l’aide, j’ai refusé. Je me suis reposé quelques minutes et je me sentais mieux. Par contre, j’étais très fatigué. Une fatigue lourde et inconnue. Plus tard, j’ai découvert qu’il s’agissait d’une fatigue neuronale due à l’AIT. Je me suis couché et à 2h32 je me suis réveillé en sursaut : j’avais un accident vasculaire cérébral. Heureusement, mon compagnon a tout de suite compris ce qui m’arrivait et a contacté le Samu. »

Aujourd’hui, ce patient formateur, qui collabore notamment avec l’Université de Bordeaux, travaille sur sensibilisation accrue du grand public aux accidents ischémiques transitoires et les étudiants en médecine. « C’est un sujet crucial : plus ces accidents seront identifiés et évoqués, mieux on pourra lutter contre les accidents vasculaires cérébraux. »

« Cliniques AIT » : un modèle à développer

Accueillir les patients aux urgences, mais sans passer par les urgences : telle est la vocation des cliniques AIT. « Ces filières spécialisées sont encore assez peu nombreuses en France – il y en a une quinzaine, sous différentes formes – mais c’est un modèle qui a prouvé son efficacité », souligne le Professeur Sonia Alamowitch, présidente de la Société française de neurovasculaire.

Ces unités spéciales rendent cela possibletraitement rapide et ciblé des accidents ischémiques transitoires. Ils sont conçus comme un lien entre la médecine communautaire et l’hôpital. « Il est courant que les victimes d’AIT parlent de leurs symptômes avec leur médecin traitant lors d’une visite de routine », analyse le Dr. Pauline Renou, qui dirige avec son collègue Pierre Briau la clinique AIT du CHU de Bordeaux. Mais lorsqu’il les envoie aux urgences, la moitié du temps, ils refusent de s’y rendre. Le généraliste prescrira alors une IRM du cerveau, une consultation avec un neurologue et un examen cardiologique, mais les délais d’attente pour ces rendez-vous sont souvent très longs… Or, on sait que le risque d’accident vasculaire cérébral dans les jours suivants AIT est particulièrement élevée. »

À la clinique AIT, les patients bénéficient en quelques heures subir tous les examens nécessaires et recevoir un traitement initial. Une hospitalisation peut également être décidée si les signaux sont inquiétants. « Une telle structure ne représente pas un investissement énorme, mais c’est un excellent moyen de prévenir une maladie, l’accident vasculaire cérébral, qui coûte très cher tant aux patients qu’au système de santé », conclut le Dr Renou.

Quelles sont les causes de l’AIT ?

Semblable à un accident vasculaire cérébral, l’AIT s’explique principalement par deux causes : athérosclérose (c’est-à-dire le dépôt de plaques graisseuses sur les parois des artères) et fibrillation auriculaire (c’est-à-dire une modification de la fréquence cardiaque, souvent caractérisée par une sensation de palpitations).

« En termes simples, l’athérosclérose est l’obstruction des artères. Cela peut être dû à l’hypertension artérielle, à un excès de cholestérol, au diabète, à la consommation d’alcool et de tabac ou encore au surpoids, explique Pauline Renou. Et lorsque les vaisseaux sanguins sont obstrués, le sang circule difficilement. Quant aux maladies cardiaques, elles peuvent provoquer la formation de caillots qui migrent vers le cerveau. »

Pour ces deux pathologies (athérosclérose et fibrillation auriculaire), qui provoquent des accidents ischémiques transitoires, l’âge est un facteur de risque exacerbant. Mais les jeunes patients doivent aussi être vigilants. “Parmi elles, la cause la plus fréquente d’AIT est la dissection cervicale : il s’agit d’une petite déchirure d’une artère, provoquée très souvent par une activité physique intense ou un mouvement brusque du cou”, indique le Dr. Renou. La consommation de drogues (cannabis, héroïne, cocaïne, amphétamines) peut également être à l’origine d’un AIT, car ces substances provoquent des spasmes artériels et des arythmies cardiaques. »

Que faire si vous suspectez un AIT ?

L’AIT est une urgence qui justifie un traitement neurovasculaire immédiat. Si vous pensez avoir été victime, appelle le 15 immédiatement. « Tout le défi est d’intervenir le plus rapidement possible pour prévenir un accident vasculaire cérébral. En outre, commencer le traitement dans les 24 à 48 heures réduit le risque de crise cardiaque de 80 % cérébrale dans les mois qui suivent », précise Pauline Renou.

Dans la mesure où les symptômes ont disparu, un interrogatoire approfondi du patient est essentiel pour identifier correctement l’AIT. Même si l’accident ne laisse aucune trace visible, l’imagerie cérébrale (IRM) est indispensable pour exclure la présence d’un accident vasculaire cérébral, renseigner sur les causes de l’ischémie et évaluer le risque de récidive.

Comment l’AIT est-il traité ?

Le traitement lui-même passe en administrant de l’aspirine ou des anticoagulants destiné à fluidifier le sang et à empêcher la formation de caillots. Comme pour un accident vasculaire cérébral, un AIT nécessite généralement une éducation thérapeutique à moyen et long terme. « Les médicaments feront 50 % du travail pour prévenir la survenue d’un accident vasculaire cérébral ou d’un autre problème vasculaire, mais l’autre moitié relève du mode de vie », souligne Pauline Renou. Les patients doivent particulièrement adopter avoir une alimentation plus saine, faire de l’exercice régulièrement et surveiller ses facteurs de risque cardiovasculaire. Nous leur conseillons par exemple de s’équiper d’un tensiomètre et de mesurer régulièrement leur tension à domicile. Il est également important qu’ils consultent le médecin au moins tous les trois mois pour vérifier leur taux de cholestérol et de sucre dans le sang. »

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By medimax

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